On peut se poser la question de la pertinence du bien-être au travail lorsque l’économie ou une entreprise en particulier vont mal. Ne devrait-on pas mobiliser toutes les ressources à disposition pour redresser leur santé financière ? Eh bien, justement ! Chez Happy at Work, nous avons côtoyé suffisamment d’équipes en souffrance et de personnes en burn out pour dire qu’il n’y a pas de santé financière sur le long terme sans équipes saines, c’est-à-dire composées d’employés en bonne santé, physique et mentale, engagés, entretenant de bonnes relations entre eux et capables de résilience en temps de crise.
Jusqu’où peut-on tolérer d’être malheureux au travail pour un salaire mirobolant, par exemple ? Un client, actif dans le secteur financier, nous a confié vomir tous les matins avant d’arriver au bureau… pour un salaire de 20K CHF par mois.
Une autre cliente a partagé que le mois ayant précédé son burn out, elle commençait à pleurer à chaque fois qu’elle pointait en arrivant au bureau le matin. Est-ce que quelqu’un dans l’entreprise s’est rendu compte qu’elle arrivait bouleversée ? A priori pas et si c’était le cas, l’ignorance a pris le dessus… ou personne ne s’est préoccupé de cette observation.
Et lorsqu’un collaborateur qui a longtemps bien géré la pression exprime en entretien d’évaluation que le niveau de stress est devenu insoutenable, quelle serait la réaction saine de son manager ? Malheureusement, nous voyons encore trop souvent toute la responsabilité mise sur le collaborateur sous la forme d’un nouvel objectif du type « apprendre à mieux gérer le stress ».
Cette réponse s’avère totalement stérile, puisque nous sommes face à une situation où la personne dispose déjà d’une bonne boîte à outils pour faire face à la pression, mais elle est trop épuisée par un stress permanent sans temps de récupération pour l’ouvrir. Lorsque tout est urgent et chaque demande est pour hier, il est impossible de « gérer le stress », ça devient un problème structurel que l’entreprise doit examiner. Et si l’on creuse un peu plus après l’alerte donnée par un collaborateur, on se rend compte que toute l’équipe souffre, voire toute l’entreprise, ce qui veut dire que l’implosion n’est pas loin. Or, nous savons combien les arrêts maladie et les burn out coûtent à l’entreprise.
Si vous trouvez que le bien-être au travail est du luxe ou qu’il coûte cher, essayez le mal-être !
Co-auteurs: Annika Månsson & Ekaterina Koretskaia